Premiers accrocs

Avant propos : Afin de pouvoir vous parler des élèves sans divulguer leur identité je vais rebaptiser les différents groupes. Nous parlerons des groupes A, B, C, D, E, F, G et H.

Les groupes se suivent et ne se ressemblent pas.

La première séance de prise en main du jeu qui avait pour but de mettre à l’aise les élèves les plus novices. Cette semaine plusieurs groupes ont fait leur deuxième séance. Dans cette séance j’essaie de faire naitre chez les élèves une dynamique de groupe. Pour ce faire je leur donne un objectif simple : construire un village. Plus précisément, je leur demande d’avoir chacun une maison avec murs, toit et porte. Pour un utilisateur expérimenté du jeu cela représente 5 à 10 minutes de travail. En coopérant, les élèves pourraient facilement y arriver mais voilà le problème, il faut coopérer…

 

Avant d’en arriver là, il y a plusieurs obstacles à surmonter.

Tout d’abord, le cadre scolaire ne met pas l’accent sur la coopération et bien souvent on est en classe dans une relation frontale. Du coup certains groupes comme les groupes C et G peinent à se mettre au travail. Durant les deux premières séances il est important de laisser les élèves se débrouille par eux-mêmes en leur rappelant qu’ils peuvent s’entraider. La popularité de Minecraft est ici mon meilleur allié. Je n’ai jamais pour l’instant rencontré de groupe qui ne compte au moins un membre qui connaisse parfaitement Minecraft. Ainsi, le joueur le plus expérimenté se retrouve en position d’expert pour ses collègues. Les élèves concernés sont responsabilisés et très largement valorisés aux yeux du groupe. Ils deviennent un élément moteur du groupe et si durant les premiers temps le chacun pour soi est bien souvent de rigueur, les élèves ont rapidement du mal à ignorer les appels à l’aide de leurs collègues.

 

Également, la gestion des conflits est un problème de taille qui émerge durant les deux premières séances. Les élèves peuvent se frapper pendant le jeu et à force ils peuvent se tuer. Comme nous l’avons dit précédemment la mort dans Craftocratie provoque une réapparition immédiate du joueur au centre du serveur. Ainsi, le joueur doit marcher durant 5 minutes afin de retourner au village. Cette contrainte n’est pas si légère qu’il n’y parait car il s’agit de perdre 5 minutes sur une séance d’une heure. En tout cas, les élèves ont assez largement tendance à se courir après et à se battre pour s’amuser. Après les premières morts les élèves les moins à l’aise épée en main commencent à se plaindre et ce d’autant plus que les plus doués s’amusent à les frapper « pour rire ». Là encore, ne pas intervenir est crucial.

En effet, les inégalités créées par la connaissance du jeu et sa maitrise créent beaucoup de possibilités d’interactions. Que les élèves s’entraident et coopèrent ou qu’ils profitent de leur avantage sur les autres, ils agissent dors et déjà comme une société élémentaire.

Ainsi, au terme de ces deux séances de jeu le débat sur la forme que les élèves veulent donner à leur société peut se tenir.

Publié par

Aurélien Martin

Je suis enseignant en Histoire-Géographie et en section européenne au Lycée Louis Bascan de Rambouillet dans les Yvelines.

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